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La crise économique

172 Pas perdu sur les trottoirs du tango
172 Pas perdu sur les trottoirs du tango

Je reçois beaucoup de messages (vu je ne lis pas les journaux et ne regarde pas la télévision) qui concernent la probabilité d’une grave crise économique ou d’un effondrement du système capita­liste. La première chose à considérer, c’est dans quelle mesure ces nouvelles alarmantes nous inquiètent. Il me semble que j’étais très préoccupé par la menace d’une crise il y a quelques années ; mais je le suis beaucoup moins aujourd’hui, où elle semble pourtant plus proche et plus probable.

Si nous sommes inquiets, c’est parce que nous sommes habités par des émotions négatives. Si nous considérons que les choses (et la situation politico-économique en particulier) sont comme elles devraient être – puisqu’elles sont comme ça – et que nous les acceptons telles qu’elles sont, il n’y a pas lieu de nous préoccuper. Mais si nous ne les acceptons pas, et pensons qu’elles devraient être autrement ou qu’il faudrait les changer, bien sûr, nous nous sentons mal dans la situation actuelle.

Les émotions négatives qui peuvent nous habiter sont principalement la peur, la colère, l’attache­ment, l’avidité et la confusion. Généralement, plusieurs d’entre elles sont présentes.

La peur de perdre ce que nous avons : argent, possessions, travail, sécurité, confort, privilèges ; la peur de ne pas pourvoir manger, nourrir sa famille ; la peur de la misère ; la peur de la mort. Cette peur concerne toujours le futur : des situations que nous imaginons, mais qui n’existent pas encore, et n’existeront peut-être jamais.

La colère est dirigée soit à l’extérieur : envers les personnes, les organisations, les structures, les circonstances que nous considérons comme responsables de la situation ; soit vers nous-mêmes : dans la mesure où nous considérons que nos choix ou nos actions, dans le passé, n’ont pas été judicieux et nous ont conduit à notre inquiétude actuelle.

L’attachement concerne toutes les choses que nous ne sommes pas disposés à abandonner ou à perdre, et qui nous rendent vulnérables.

L’avidité concerne les droits que nous pensons avoir et que nous sommes prêts à revendiquer : des droits matériels, tels que salaires, rentes, retraites, revenus, allocations, mais aussi des droits immatériels, et souvent bien aléatoires, tels que les droits de l’homme.

La confusion concerne toute une série d’émotions négatives qui proviennent d’un état d’igno­rance, de ne pas avoir une vision claire de la nature de la réalité : le doute, la frustration, la tristesse, la dépression, le stress, l’agitation, l’impuissance, la résignation, la mentalité de victime, etc.

Après avoir observé les émotions négatives qui nous habitent lorsque nous pensons à la crise, nous pouvons avoir une deuxième réflexion sur les causes de cette crise qui nous menace. Qui est responsable de cette situation préoccupante ? Nous pourrions croire que celui qui a eu le pouvoir de créer les circonstances actuelles pourrait aussi avoir celui d’apporter des solutions, de résoudre la crise. Cette croyance est toutefois discutable.

Les responsables potentiels de la crise pourraient être :

  • Dieu, dans un sens plus large que le Dieu des chrétiens ou d’une autre religion.
  • Un groupe de personnes un peu mystérieux, de milliardaires mythiques, d’illuminati, qui auraient le pouvoir de tirer les ficelles de l’économie et de la politique mondiales.
  • Les dirigeants politiques.
  • Les banques et les sociétés multinationales.
  • Le peuple.
  • L’interrelation, c’est-à-dire les influences combinées de toutes les forces qui interagissent dans la société, dans le monde, dans la nature, dans l’univers, et qui peuvent se manifester sous la forme de la loi de cause et d’effet ou de la loi du karma.
  • La nature de la réalité du monde phénoménal, qui, pour les bouddhistes, répond à trois caractéristiques : l’impermanence, tout change constamment ; l’imperfection, rien n’est parfait et donc complètement satisfaisant ; l’impersonnalité, il n’y a pas lieu de s’approprier les phénomènes, quels qu’ils soient, ni de les prendre comme un problème personnel.
  • « Moi », dans le sens où je me considère comme l’unique responsable de ma vie et de ce qui m’arrive. Dans le sens, aussi, où je me considère comme une entité séparée, un microcosme, qui perçoit une réalité extérieure, un macrocosme. Dans le sens, enfin, où je considère que ma réalité extérieure n’est qu’un reflet de ma réalité intérieure.


Une fois que nous aurons choisi un ou plusieurs coupables parmi ces huit accusés, nous verrons plus clairement, d’abord si nos émotions négatives sont appropriées, et ensuite si nos attentes, et donc nos craintes, sont justifiées. Et cela en fonction du pouvoir que nous avons, que nous croyons ou prétendons avoir, ou que nous n’avons pas, sur le ou les coupables.

Si vous découvrez, comme moi, que vous n’avez aucun pouvoir sur ces huit coupables poten­tiels, vous cesserez de vous faire du mauvais sang, de penser que les choses devraient être différentes de ce qu’elles sont, et de croire que vous pouvez faire quelque chose pour les changer.

Si vous pensez avoir le pouvoir de changer les choses, utilisez-le.

La seule chose que vous pouvez faire aujourd’hui, c’est comprendre comment éviter de souffrir de la crise si elle se produit. C’est un autre sujet de réflexion…

 

24 janvier 2012, Chiang Mai

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