ÉVEILLER L’HUMANITÉ

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Bilan de notre condition actuelle

129 Voie piétonne à Lyon

129 Voie piétonne à Lyon

Si on fait le bilan général des conséquences de la bêtise et de l’inconscience de l’être humain (qu’il considère comme de l’intelligence si ce n’est du génie), elles sont catastrophiques et ne seront pas soutenables beaucoup plus longtemps. La bêtise humaine, c’est, selon le bouddhisme, l’ignorance, le troisième poison, avec l’avidité et l’aversion, qui caractérise l’être humain dans les bas niveaux de conscience de l’ombre. L’ignorance ne signifie pas un manque de connaissances intellectuelles, mais l’ignorance de la vraie nature de la réalité. Elle s’exprime souvent pas un profond manque de bon sens, ou par un refus de voir et de reconnaître les conséquences néfaste de ses actions.

L’avidité est le besoin d’améliorer sa condition et de la rendre plus agréable, et est motivée par une profonde insatisfaction sous-jacente, une profonde souffrance, souvent inconsciente. Mais en même temps, l’avidité est la cause de nouvelles souffrances, qui vont créer plus d’avidité : c’est un cercle vicieux sans fin. Le Bouddha, dans la première Noble Vérité, énonce l’existence de la souffrance (dukkha). Il y a trois sortes de souffrances : la souffrance de la souffrance : la souffrance est douloureuse par elle-même ; la souffrance du plaisir : le plaisir n’est pas complètement satisfaisant parce qu’il contient l’incertitude de son accomplissement et de son prolongement, la crainte de sa cessation et la nature douloureuse de la lassitude et de la satiété qu’il ne manquera pas de produire ; et la souffrance inhérente à tous les phénomènes conditionnés. C’est cette dernière qui constitue cette insatisfaction profonde qui est une des caractéristiques du monde conditionné (régi par des causes et des conditions) dans lequel nous vivons. Si nous étions parfaitement heureux et satisfaits, nous n’aurions ni le besoin ni l’envie de nous activer en permanence et de faire tout ce que nous faisons dans notre vie pour essayer d’échapper à notre insatisfaction et de trouver plus de satisfaction. Nous n’aurions pas besoin de travailler pour gagner de l’argent, pas besoin de nous déplacer ou de voyager, pas besoin de rechercher des loisirs ou des distractions, pas besoin de créer ou d’acheter toutes sortes d’objets… les exemples sont innombrables, ils sont tous des moyens d’essayer de fuir notre insatisfaction atavique.

Comme suivre les exigences de notre avidité est notre manière habituelle de fonctionner depuis notre enfance, il est difficile de changer. Mais ce n’est pas impossible. La première chose à faire est déjà d’observer notre vie en détail. D’observer toutes nos actions, du matin au soir, d’essayer de comprendre par quoi elles sont motivées, si elles sont vraiment nécessaires, si elles sont adroites ou maladroites, et quelles sont leurs conséquences, bénéfiques ou nuisibles. Ensuite, nous pouvons observer notre environnement et tous les objets (toutes les choses, dans un sens très large qui pourrait inclure les êtres vivants et les personnes) que nous utilisons pour satisfaire notre avidité. Quand on observe une activité, il faut bien voir quelles autres activités, et la présence de quels objets elle implique. De même pour chaque objet, quelles activités et la présence de quels autres objets implique-t-il ? Et si nous pouvons commencer par l’implication de nos propres activités et de nos propres objets, il faut ensuite aussi considérer l’implication des activités d’autres personnes et d’objet qui ne nous appartiennent pas.

Nous pouvons déjà faire un premier bilan : dans ma vie, qu’est-ce qui est utile et bénéfique, et qu’est-ce qui est inutile ou nuisible ? Et cela, pas uniquement nuisible pour moi, mais aussi pour les autres et pour le monde. Nous pouvons alors commencer à effectuer un nettoyage ou une dissolution. Ce n’est pas si simple, parce qu’il y a des activités ou des choses qui sont inutiles ou nuisibles mais auxquelles nous sommes attachés. Cela ne signifie pas que nous sommes en train de créer une nouvelle réalité, mais plutôt de voir ce qu’il n’y aurait pas lieu d’inclure dans une nouvelle réalité. C’est déjà un premier pas pour imaginer une nouvelle réalité, car les expériences pratiques auront un impact plus fort sur notre imagination que les seules idées, que ce soient les nôtres ou celles d’autrui.

Lorsque nous commençons à observer l’implication dans notre propre vie des activités d’autres personnes et de choses qui ne nous appartiennent pas, nous commençons à percevoir l’interconnexion et l’interdépendance de tous les êtres et de toutes les choses, et le dysfonctionnement systémique de notre société. Nous ne sommes pas devant un problème personnel, mais devant un problème global. Cependant, comme la société est le reflet des individus qui la composent, la contemplation des incohérences de notre vie personnelle nous montre celles de notre réalité actuelle.


11 août 2021, Khanom

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