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Parole juste

139 Jour férié à Venise

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Dans le bouddhisme, une des pratiques de la voie est l’usage de la parole juste*. Toute parole qui crée de la souffrance ou des conflits n’est pas une parole juste. Ainsi, la méchanceté, la médisance, la calomnie, les blasphèmes, les insultes et les paroles grossières ne sont pas des paroles justes, sans parler du mensonge (sous toutes ses formes). La liberté d’expression ne signifie pas qu’on peut dire n’importe quoi. D’ailleurs, même en France, il y a une censure et des propos qui sont condamna­bles, même s’ils ne sont pas toujours condamnés (cela dépend qui les prononce).

Il faut remarquer que la violence verbale n’est pas moins nocive que la violence physique, au contraire. D’abord, elle est souvent la cause de la violence physique. Les bagarres et les conflits commencent généralement par des paroles. Les enfants vont souvent souffrir beaucoup plus et beaucoup plus longtemps d’une parole malveillante de leurs parents que d’une gifle ou d’une fessée.

Dans les sociétés décadentes où les châtiments corporels sont malvenus, ils sont remplacés par des châtiments verbaux qui sont souvent plus pernicieux.

Selon le bouddhisme, il faut noter aussi que le commerce de propos méchants et malveillants n’est pas un genre de vie juste (comme de fabriquer des armes).

Même si la parole fausse et les propos malveillants ne sont pas punis par les lois de la société, ils le sont par celle du karma. Chacun peut observer dans sa vie quotidienne les conséquences des paroles malveillantes ou inappropriées, sur soi-même et sur autrui, et comment les conflits fami­liaux et autres commencent généralement par des paroles malveillantes (ill-will).

La parole est plus difficile à contrôler que l’action, mais la réflexion sur les derniers attentats devrait nous inciter à être plus prudent dans notre manière d’utiliser la parole. Il faut éviter aussi de nous réjouir des paroles malveillantes des autres, qui résonnent souvent à notre propre malveillance et ne font que l’entretenir (par exemple en évitant les lectures, films, émissions, spectacles basés sur la parole fausse, qui ne font qu’éveiller en nous des sentiments négatifs). Observer combien les conflits dans lesquels nous sommes impliqués ont commencé par des paroles non appropriées. Car la parole est l’expression de nos sentiments intérieurs. Avant de parler, on devrait toujours se demander si ce qu’on va dire est motivé par l’amour et la bienveillance, ou par la haine, la rancune et la méchanceté. Dans le deuxième cas, il est préférable de se taire. Et encore à plus forte raison quand l’expression (par la parole, l’écriture ou le dessin) est son métier.

On peut d’ailleurs observer comment la société est conditionnée dans un sens négatif par les propos déversés en quantité par les médias, qui sont rarement motivés par l’amour, et crée un climat de stress, de tension et de mécontentement, avec toutes les maladies qui lui sont associées (angoisse, agitation, insomnie, dépression, etc.). Tout ça sous l’égide de la liberté d’expression, qui devient la liberté de souffrir, de faire souffrir et d’être malade. 

Il ne s’agit pas de créer une censure et de limiter la liberté d’expression, mais c’est à chacun de créer sa propre autocensure et de contrôler ses paroles, en étant plus conscient des effets qu’elles peuvent avoir sur autrui. C’est essentiel pour vivre en paix et en harmonie, avec un mental paisible qui permet de bien dormir.


* Parole juste (pali : samma-vaca) : un des préceptes et un des aspects de la Noble Voie Octuple qui fait partie de la pratique de la moralité (sila). Il s’agit de s’abstenir de quatre sortes de langages : le mensonge, les paroles grossières et les insultes, la médisance, les conversations futiles, et s’efforcer de cultiver leurs opposés : la vérité, les paroles courtoises et les compliments, l’éloge, les conversations enrichissantes.

 

12 janvier 2015, Chiang Mai

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