ÉVEILLER L’HUMANITÉ

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Les perfections, par Pierre Wittmann

155 Dimanche matin à Milan
155 Dimanche matin à Milan

L’enseignement du bouddhisme nous recommande de pratiquer un certain nombre de qualités, ou vertus, appelées paramien pali et paramita en sanskrit (de parama, suprême). Elles furent développées jusqu'à la perfection par le Bouddha au cours de ses nombreuses vies antérieures, qui sont ra­contées dans les contes du Jataka. Les bodhisattvas cultivent ces qualités dans le but d'aider tous les êtres sans discrimi­nation, de leur apporter le bonheur et de les libérer de la souffrance.

Le bouddhisme théravada enseigne dix perfections : la générosité, la vertu, le renoncement, la sagesse, l'énergie, la patience, la véracité, la détermination, l'amour et l'équani­mité. Le bouddhisme mahayana en enseigne six : la géné­rosité, la vertu, la patience, l'énergie, la concentration et la sagesse. Il faut noter que certaines des perfections se re­trouvent aussi dans les enseignements des quatre émotions divines et du noble sentier octuple.

Les perfections sont des ingrédients essentiels de la vie spirituelle et tous ceux qui se soucient de l'harmonie du monde dans lequel ils vivent se doivent de les cultiver. Une personne qui possède ces qualités, même si ce n'est pas au point de perfection du Bouddha, est une bénédiction pour son entourage, pour la société et pour l'environnement.

La générosité

C'est la première, elle ouvre la voie. En Thaïlande et dans les autres pays bouddhistes, les monastères et les moines dépendent entièrement de la générosité des laïcs. La généro­sité est la disposition à donner plus qu’on est tenu de le faire. On peut offrir des biens matériels, de l'argent, son temps, son attention, des soins, ses capacités, son travail, de l'amour, un refuge, des enseignements, des conseils… Les prières, les offrandes et la méditation pour la paix, la santé et le bonheur des êtres sont aussi des façons de pratiquer la générosité. Même si l'on ne possède rien, on peut pratiquer la générosité. L’enseignement cite trois niveaux de générosité : la généro­sité d'un mendiant, qui donne ce dont il n'a plus besoin ; celle d'un ami, qui partage ce qu'il a ; celle d'un roi, qui donne plus qu'il ne garde pour lui. Dans la générosité, l’important est la pureté de notre motivation. Elle doit nous inciter à donner pour le bien d'autrui, par compassion pour ceux qui souffrent ou qui sont dans le besoin, sans attendre de rece­voir quelque chose en contrepartie, comme des mérites, des avantages ou de la gratitude. La générosité libère ceux qui la pratique du désir, de l'attachement et de l'égoïsme, et elle leur apporte la satisfaction, la paix et le bonheur. 

La vertu

La vertu, appelée aussi conduite morale ou éthique, est la disposition à accomplir des bonnes actions et à éviter de faire du mal aux autres. Elle assure la paix et l’harmonie dans nos relations avec autrui et dans la société. L'éthique comporte trois niveaux : éviter les mauvaises actions ; cultiver les bonnes qualités ; œuvrer pour le bien de tous les êtres. Ce n'est pas une pratique réservée aux moines. Pour les boud­dhistes, elle commence par le respect des cinq préceptes. Il ne s’agit pas de commandements, mais d’actions qu’il faut s’efforcer d’éviter parce qu’elles font du tort, non seulement à autrui, mais à soi-même. Elles sont : tuer des êtres vivants ; prendre ce qui ne nous est pas offert ; avoir des activités sexuelles nuisibles ; mentir ; consommer des intoxicants. Une bonne conduite morale fait diminuer nos désirs et nos peurs, purifie nos perturbations mentales et éteint le feu de nos passions. Elle engendre la joie, le contentement et la confiance en soi, et facilite la pratique de la méditation et de la concentration.

Le renoncement

C’est le fait de renoncer à quelque chose par un effort de volonté et au profit d’un idéal jugé supérieur. Renonçons à tout ce qui crée la souffrance : nos peurs, nos désirs, nos émotions négatives, nos conflits. Renonçons aux aspirations de l'ego, ses distractions, son besoin de soutien, ses identifi­cations, ses justifications, ses exigences, son petit confort, ses idées et ses opinions. Renonçons à l'attachement – ce qui ne veut pas dire dilapider ses biens et quitter sa famille. Au moment de mourir, nous devrons renoncer à tout : nos possessions, notre famille, nos amis, et même notre corps. Pratiquons le renoncement avant, pour nous préparer à ce moment-là.

La sagesse

Il y a trois sortes de sagesses : la sagesse née de l'étude ; la sagesse née de la contemplation ; la sagesse née de la médita­tion. Dans la vie quotidienne, la sagesse nous aide à vivre dans l’harmonie, en évitant les difficultés et les problèmes. Elle nous permet de reconnaître ce qui est profitable de ce qui est nuisible, pour nous-mêmes et pour autrui. La sagesse est la connaissance des quatre nobles vérités et de la vraie nature des phénomènes. La méditation vipassana, fondée sur la vertu et la concentration, est un moyen de développer la sagesse, afin d'atteindre la libération de la souffrance.

L'énergie

L'énergie est nécessaire pour tout ce que nous voulons accomplir, dans la vie quotidienne comme sur la voie spi­rituelle. Seuls les gens qui ont beaucoup d'énergie accom­plissent de grandes choses. L’énergie permet de faire des efforts avec joie et enthousiasme. Dans la pratique spirituelle, elle permet de réaliser des progrès rapides, sans se laisser décourager par la maladie, les difficultés et les interférences d’autrui. L'énergie doit avoir une direction, sinon elle se transforme en agitation. Elle est nécessaire pour cultiver la vertu et pour surmonter nos instincts, nos réactions et nos émotions conflictuelles. L'énergie est l'antidote des trois sortes de paresses : la paresse complaisante ; la lassitude ; la paresse issue de l'attachement aux activités qui s’opposent à notre développement spirituel. Au début, la méditation demande beaucoup d'énergie, ensuite, elle régénère notre énergie.

La patience

L'impatience est une réaction de l'ego qui veut obtenir les choses tout de suite, qui veut qu'elles soient conformes à ses désirs, et cela, sans se soucier des autres. Les résultats de cette attitude sont l'inquiétude, la frustration et souvent la colère. La patience est une forme de sagesse, celle d’accepter les choses telles qu'elles sont, de connaître leur vraie nature, qui est l'impermanence, et d’attendre qu'elles changent d'elles-mêmes. Il y a trois sortes de patience. La première consiste à ne pas nous laisser affecter par le mal que nous font les autres, sachant que si nous réagissons, nous créerons encore plus de problèmes, mais que si nous restons calmes, les autres se calmeront peut-être aussi. La seconde nous encourage à supporter volontiers la souffrance et les condi­tions défavorables, sans blâmer les autres, mais en acceptant avec joie cette maturation de notre karma. La troisième est la patience qui permet de contempler les points profonds et subtils de l’enseignement sans être distrait. Elle est le résultat de l'entraînement de l'esprit par la méditation. Il faut avoir de la patience avec soi-même, avec ses propres faiblesses, afin d'être capable d'accepter celles des autres. La patience est la tolérance et l’acceptation des autres tels qu’ils sont ; elle est l'antidote de la haine. Elle est le plus bel ornement et elle est aussi une armure. Mais la patience ne doit pas devenir de la complaisance. Elle est liée à la sagesse, ainsi qu'à la détermi­nation et l'énergie nécessaires pour remettre les choses dans la bonne direction.

La véracité

C'est dire la vérité, être honnête et digne de confiance, tenir ses promesses et ses engagements. C'est être honnête envers soi-même, observer et analyser avec objectivité ses propres faiblesses grâce au miroir de l'attention et se ques­tionner sans cesse afin de démasquer l'ego. C'est aussi connaître la vérité, qui est absolue et universelle. Rechercher la vérité demande beaucoup d'énergie et de sagesse. Malheu­reusement, les jeunes manquent de sagesse, et les vieux manquent d'énergie !

La détermination

Sans détermination, on ne peut rien accomplir, pas même se lever le matin. La détermination est indispensable dans la vie quotidienne, lorsqu’on ne peut pas attendre que les choses se fassent d'elles-mêmes. Mais aussi pour suivre une voie spirituelle, et en particulier pour pratiquer la méditation. Une forte détermination de faire des progrès spirituels se développe lorsqu'on se rend compte que c'est la chose la plus importante à faire dans la vie, la seule chose qui peut nous apporter le vrai bonheur. Pour cela, il n'est pas nécessaire de devenir moine ou nonne, toutes les circonstances de la vie peuvent nous aider à progresser. Cette détermination nous apporte de la joie et, ainsi, se régénère d'elle-même.

L'amour

C'est l'amour sans attachement, désintéressé, qui se préoc­cupe avant tout du bonheur d'autrui. L’amour est une des quatre émotions divines.

L'équanimité

L’équanimité est l'équilibre de l'esprit, lorsqu’il est libéré du désir et de l'aversion, qu’il ne se laisse plus émouvoir par les circonstances, bonnes ou mauvaises, mais qu’il accepte les choses telles qu'elles sont. L'équanimité est fondée sur la sagesse et sur l'abandon de l'illusion de l'ego. Elle est aussi une des quatre émotions divines.

La concentration

La concentration est le contrôle de l'esprit, sa capacité à se focaliser sur un objet sans être distrait, agité ou assoupi. La concentration ne se développe pas spontanément, mais de­mande beaucoup d'effort. L'esprit a l'habitude de se dissiper et de s'échapper constamment, mais, grâce à la méditation, on peut réussir à le dompter, comme on parvient à dompter un animal sauvage.


Ce texte est un chapitre du Guide du bonheur pour le troisième millénaire, de Pierre Wittmann.

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