Quand je parle du Plan divin, je parle de l’intelligence supérieure ou cosmique qui régit la réalité phénoménale. Je pense que si les 100 milliards d’atomes qui constituent chacune des 100 milliards de cellules de notre corps forment une entité vivante qui fonctionne plutôt bien, ce n’est pas dû au hasard. Je crois que cette intelligence régit toutes choses, depuis les particules subatomiques jusqu’aux galaxies.

Le Plan divin (auquel on peut donner d’autres noms si on le désire) fonctionne selon certains principes, ou certaines lois (les lois de la nature), qui ne sont pas forcément en accord avec nos croyances, nos attentes et nos préférences. Mais les choses sont telles qu’elles sont, même si, dans notre vision égocentrée et limitée, nous nous imaginons que ce serait mieux si elles étaient différentes. 

L’homme, dans son immense orgueil, s’imagine qu’il est séparé de la nature et qu’il peut la contrôler et la manipuler ; et il s’attribue des phénomènes naturels comme le réchauffement de la planète. Mais, comme il n’a pas de libre arbitre, et qu’il n’est même pas capable de contrôler sa propre vie, comment pourrait-il contrôler la nature ?

Nous considérons les choses comme bien ou mal : ce que nous ressentons comme agréable est bien et ce qui est désagréable est mal. Mais comme nos goûts diffèrent, ce qui semble bien à l’un peut sembler mal à l’autre (par exemple, celui qui reçoit une bombe sur sa maison trouve que c’est mal, mais celui qui fabrique et vend les bombes trouve que c’est bien). Nous n’acceptons pas ce qui est mal et considérons que ce sont des erreurs, et comme nous ne les acceptons pas, nous souffrons, car nous ne sommes pas en accord avec la réalité, avec les choses telles qu’elles sont. Comme nous n’avons pas une vision globale des choses, nous pouvons avoir l’impression que certaines choses qui se déroulent sur cette planète sont absurdes ou délétères. Mais ce n’est pas le cas : il n’y a pas d’erreurs, seulement un manque de compréhension du sens des choses.

Comme nous faisons partie du tout, toutes nos pensées et nos actions, sont, comme le reste de la création, régies par le Plan divin, et il n’y a pas de créature qui aurait le pouvoir de s’y opposer en suivant ses propres intentions.

Il arrive souvent qu’un traumatisme que nous avons subi, et qui a pu nous sembler inacceptable sur le moment, ce soit révélé par la suite comme une bénédiction. Comme Jacques Lusseyran, qui a considéré que les deux meilleures choses qui lui soient arrivées furent la cécité à 8 ans et le camp de concentration à 20 ans : c’est ce qui lui a permis de mûrir. Alors que d’autres seraient restés toute leur vie dans la condition de victime en pensant que cela n’aurait pas dû leur arriver.

La torture, le viol, la guerre font partie de la condition humaine, et ont probablement toujours existé sur cette planète, ou en tout cas dans le cycle d’existence auquel nous appartenons, qu’on le veuille ou non. La perception que nous en avons, dépend ensuite de notre niveau de conscience. Celui de la majorité des gens, ne l’oublions pas, est celui de la victime (ou du bourreau, qui en est une forme complémentaire) basé sur l’ignorance, l’avidité et l’agression. Il ne faut donc pas attendre que notre monde soit différent de ce qu’il est : c’est tel qu’il est qu’il fait partie du Plan divin. Dans d’autres parmi les centaines de milliards de planètes dans l’univers sur lesquelles la vie existe, les choses sont peut-être différentes. Et dans quelques siècles ou millénaires, elles seront peut-être aussi différentes sur la Terre. Mais quand on voit le chaos actuel, je crois qu’il faudra encore avoir un peu de patience !

Ce qu’on perçoit comme une bénédiction ou une malédiction est un jugement personnel complètement subjectif. Dans le Plan divin, les événements sont neutres, les idées qu’ils puissent être des punitions ou des récompenses, et qu’ils puissent être mérités ou non, sont issues du bêtisier humain, qui fait aussi partie du Plan divin, bien sûr.

En attendant, certains vont continuer de souffrir en restant des victimes, et d’autres vont élever leur niveau de conscience pour voir les choses autrement.

13 septembre 2020, Chiang Mai