Changer de réalité
Que signifie changer de réalité ? Cela signifie changer de perception. Ce changement peut avoir lieu à différents niveaux, des plus grossiers aux plus subtils. Aux niveaux les plus grossiers, ce n’est pas quelque chose d’étrange ou d’inhabituel. Cela signifie que nous vivons désormais dans un nouvel environnement physique. C’est ce qui se passe, de façon temporaire, lorsque nous partons en vacances, et de façon plus permanente, lorsque nous déménageons ou changeons de pays. Dans cette nouvelle réalité, notre cadre de vie a changé, et notre ancien environnement a complètement disparu. Il ne reste, de façon plus ou moins précise et pendant plus ou moins longtemps, que dans notre mémoire. D’autres changements de réalité courants sont un changement de travail ou un changement de conjoint. Lorsqu’il y a en même temps un changement de lieu, un changement de travail et un changement de conjoint, on a vraiment l’impression de vivre dans une nouvelle réalité et de commencer une nouvelle vie.
Mais la personne qui vit cette nouvelle vie est toujours la même. Son environnement physique – les lieux, les personnes, les objets – ont changé, mais son corps physique, a-t-il changé ? Et ses émotions, ses idées, ses croyances, ses valeurs, ses habitudes… dans quelle mesure ont-elles changé ? C’est là que le changement de réalité devient plus subtil. Est-ce que son niveau de conscience a changé ? Est-ce que sa perception de la nature des choses a changé ? Est-ce que sa vision du monde a changé ?
Tant que tous ces aspects plus subtils de notre perception n’auront pas radicalement changé, on ne peut pas vraiment parler de nouvelle réalité. Ce qui a changé, ce n’est que la partie émergée, visible, de l’iceberg ! Donc, pour changer de réalité, il ne suffit pas d’aller vivre à la campagne et de commencer à cultiver son jardin, même si c’est une première étape non négligeable, qui peut faciliter les changements aux niveaux plus subtils.
Même si nous nous retirons du monde, dans un lieu plus isolé et plus proche de la nature, nous restons soumis à un certain nombre de constantes extérieures. Nous vivons toujours dans un pays, avec ses lois, sa culture et ses coutumes ; dans la société humaine, avec ses règles sociales et ses modes de fonctionnement ; sur la planète Terre avec ses conditions géographiques et climatiques ; et dans un univers régi par des cycles astronomiques et des lois physiques. On peut toutefois imaginer une nouvelle réalité qui ne serait pas soumise à ces constantes, mais qui en contiendrait probablement d’autres.
Donc, pour pouvoir changer de réalité, il faut d’abord se libérer de nos conditionnements, de nos dépendances et de nos attachements, conscients et inconscients ; d’une part par rapport à notre fonctionnement personnel, physique, émotionnel, mental et spirituel, et d’autre part par rapport aux constantes extérieures auxquelles nous sommes soumis. Et cela afin de trouver une réelle autonomie qui nous permette de couper tous les liens qui nous attachent encore à notre ancienne réalité, et qui nous donne la liberté de changer de réalité. Il y a semble-t-il deux voies pour y parvenir, la voie progressive, qui va confronter un à un tous les aspects de l’ancienne réalité afin de s’en libérer, et la voie directe, qui permet de se libérer de tous les aspects d’un coup.
Le meilleur exemple de la voie directe, c’est l’éveil spirituel ; mais il ne faut pas oublier qu’il est généralement précédé d’une longue pratique de la voie progressive, souvent sur plusieurs, ou de nombreuses, vies successives. Il semble peu probable que ce soit une grâce divine qui peut échoir n’importe quand à n’importe qui. Il y a différents niveaux d’éveil, qui ne constituent pas tous une libération complète de tous les conditionnements humains.
Un autre exemple de voie directe serait la mort. Dans ce cas, ce qu’on a pu le mieux observer, ce sont les expériences de mort imminente (EMI), qui créent généralement un fort déconditionnement, mais qui n’est toutefois pas total. Il ne peut probablement jamais être total tant qu’on reste, après l’expérience, un être humain vivant sur la planète Terre. Concernant l’effet de la mort sur la perception de la réalité, on ne connaît que ce qu’en ont rapporté ceux qui y ont fait des séjours (plus longs que les EMI) et en sont revenus, et ce qu’en disent certaines religions, comme le bouddhisme tibétain. Ce qui rend difficile d’explorer ce qui se passe au moment de la mort et après la mort, c’est qu’on ne s’en souvient pas lorsqu’on renaît sur la Terre, même si certains ont des souvenirs de vies antérieures sur la Terre, ou d’existences dans d’autres royaumes ou réalités, pendant les périodes de transition entre les vies incarnées.
3 août 2021, Khanom