Parce que nous nous percevons comme une entité personnelle, permanente et indépendante, nous nous identifions à cette entité, notre ego, qui devient le sujet – une entité séparée des autres êtres et de tout le reste de l’univers, que nous percevons comme le monde extérieur ou le monde des objets, et donc un monde de dualité. Ce monde, séparé de nous, est en même temps une menace constante pour notre survie en tant qu’entité séparée, et le terrain de jeu où nous espérons trouver une paix, un bonheur et une sécurité éternelle.

Un jour, nous nous rendons compte que ce moi séparé et le monde qu’il perçoit sont tous deux illusoires. Alors, nous pouvons commencer à lâcher prise et cesser d’être attaché maladivement à des illusions qui ne peuvent pas nous apporter de satisfaction durable. Ce qui n’empêche pas de jouir du moment présent, si on ne construit pas autour de lui une histoire basée sur les regrets et les nostalgies du passé et sur les craintes et les espoirs du futur.

Ce n’est pas une vision nihiliste, c’est la voie du milieu, entre la vision nihiliste, qui dit que rien n’existe, et la vision matérialiste, défendue âprement à coups de milliards d’euros par nos élus et les banques qui les soutiennent.

Espérons que les citoyens les plus éveillés comprendront bientôt que cette vision matérialiste est plus illusoire que réaliste, qu’elle est impermanente et insatisfaisante, et qu’elle est vide de toute réalité inhérente. Ce que le Bouddha avait compris il y a 2500 ans…

6 novembre 2011, Chiang Mai