Éveil collectif ou mutation
J’ai regardé une longue interview d’Astrid Stuckelberger, une médecin suisse qui a aussi travaillé dans diverses organisations internationales comme l’OMS et qui fait partie de plusieurs mouvements d’action contre la politique sanitaire. Elle connaît bien le sujet et fait des révélations accablantes. C’est inquiétant, même terrifiant, et surtout affligeant de voir où nous en sommes arrivés, et où conduisent l’avidité et la bêtise humaine. Ce qu’on peut se demander, c’est si cette race humaine de plus en plus dégénérée et décadente mérite vraiment d’être sauvée, ou s’il ne vaudrait pas mieux qu’elle disparaisse. Les êtres humains se massacrent entre eux, exterminent les autres espaces vivantes, polluent leur environnement, détruisent les ressources naturelles de la planète, envoie leurs missiles et autres gadgets dans l’espace et diffuse leur énergie maléfique dans tout l’univers. Essayer d’empêcher le totalitarisme de la caste scientiste, comme l’appelle Éric Verhaeghe, de prendre le pouvoir et de réduire l’homme à un zombie dirigé par la technologie, est-ce vraiment une action raisonnable, car le monde tel qu’il était avant cette crise n’était déjà plus viable. N’est-il donc pas plus sage d’imaginer et de créer une nouvelle réalité qui remplacerait celle qui essaie désespérément de survivre ? Car les idées, et les mots qui les expriment, sont de puissantes fréquences vibratoires qui ont le pouvoir de créer la réalité qu’elles décrivent.
Certains pensent que la crise actuelle permettra un éveil collectif des consciences, et que, pour y parvenir, il faudrait qu’elle s’aggrave encore. Je n’en suis pas sûr. Cette idée est basée sur la croyance judéo-chrétienne, très profondément ancrée dans la culture occidentale, que la souffrance est nécessaire : ce n’est qu’elle qui peut donner naissance aux progrès, à l’évolution, aux changements et même à ce que certains imaginent être l’éveil spirituel. Ce n’est en tout pas ce qu’a enseigné le Bouddha, qui a dit que la souffrance existait, mais qu’elle était un obstacle sur la voie spirituelle et que l’éveil était justement la libération de toute souffrance. Il a montré la voie pour y parvenir et a affirmé qu’elle n’est pas la voie des austérités, des pénitences et des mortifications, qu’il a lui-même essayée sans succès.
En tout cas, l’histoire humaine montre que les crises, les guerres, les génocides, les cataclysmes, les révolutions n’ont jamais provoqué d’éveil collectif. Ces épisodes douloureux de notre histoire ont pu provoquer la chute d’empires ou le changement de régimes politiques. Ils n’ont toujours causé qu’une accalmie ou un réconfort de courte durée avant que le nouveau pouvoir en place impose de nouvelles lois et de nouvelles stratégies politiques. Si elles ont parfois paru plus libérales, elles n’ont jamais conduit à l’avènement d’une nouvelle réalité plus harmonieuse, ni à une mutation de l’être humain. Même les religions comme le bouddhisme et le christianisme ne sont pas parvenues à changer la réalité ou à faire muter l’être humain. Dans le bouddhisme, en 2500 ans, quelques milliers d’être humains ont atteint l’éveil, et, depuis sa création, le christianisme a vu l’apparition de quelques centaines de saints, mais on n’a jamais approché un éveil collectif de l’humanité, même si la libération de tous les êtres reste une aspiration très louable. Mais il me semble très peu réaliste de penser qu’elle puisse se manifester dans les mois ou les années qui viennent.
À la fin de la deuxième guerre mondiale, les gens se disaient « jamais plus », et pourtant, depuis, les guerres ont continué de ravager la planète de façon ininterrompue, menées ou instiguées en général par les grandes puissances, autant par celles qui se prétendent libérales que par celles qui paraissent plus totalitaires, et la souffrance a continué à régner sur la Terre comme avant. Aucune nouvelle réalité n’est apparue, mais l’ancienne réalité a continué sous des masques, des bannières et des travestissements variés. Et en même temps, alors que les pays les plus riches vivaient dans un luxe et une euphorie qui les aveuglaient, le monde, et les systèmes économiques, sociaux et politiques qui le constituent, continuait à se dégrader de façon de plus en plus profonde et irréversible. Même si beaucoup de gens commencent à s’en rendre compte et à accepter de regarder la réalité en face, cela ne signifie par pour autant qu’ils commencent à s’éveiller, mais plutôt qu’ils se préparent à réagir, et à faire une nouvelle révolution, qui même si elle était non violente, pourrait provoquer un changement de régime, mais ni un éveil collectif ni la naissance d’une nouvelle réalité.
On dit qu’on ne peut pas changer un système depuis l’intérieur, mais qu’il faut l’intervention d’une force extérieure, c’est-à-dire d’une force indépendante de la volonté humaine, ce que serait par exemple une mutation. Est-ce que l’éveil est une forme de mutation ? C’est un point à envisager. Cela dépend aussi de ce qu’on entend par éveil.
Une autre chose qu’on dit, c’est que si un certain pourcentage d’une population subit une mutation, celle-ci se transmettra alors automatiquement à l’ensemble la population, sans la nécessité d’une transmission génétique par la reproduction. Des suppositions existent sur le montant de ce pourcentage. Il faut aussi définir ce qu’on entend par mutation.
Ce qu’on connaît et ce qu’on peut imaginer, aujourd’hui, qui permettrait de produire une mutation et de donner naissance à une nouvelle réalité, reste probablement très limité, d’abord par les faibles capacités de l’homo sapiens dans la 3ème dimension, même si, dans son orgueil, qui est le trait de caractère principal du royaume humain, il se prend pour l’apex de la création. D’innombrables possibilités de mutation et de création d’une nouvelle réalité que nous ignorons existent probablement, et c’est une raison de rester très optimiste pour l’avenir et pour le sort qui nous est réservé. Il faut faire confiance au plan divin, qui, j’en suis sûr, est bienveillant envers tous les êtres.
6-7 août 2021, Khanom